samedi 5 mars 2016

Texte de la conférence de Michel Remaud: Paradoxes, lacunes et ouvertures de Nostra ætate


Vous pouvez télécharger le texte complet de la conférence sur ce lien.

Paradoxes, lacunes et ouvertures de Nostra ætate St Germain-en-Laye, 8 février 2016
Avant d’en venir à ce qui justifie le titre de cette conférence, je dois faire un rapide retour sur le passé, ancien et plus récent, pour mieux faire ressortir en quoi cette déclaration a marqué un tournant dans les relations de l’Église catholique avec le peuple juif.


Le passé ancien, c’est un enseignement chrétien qui a pris forme très tôt dans l’antiquité et qui tient malheureusement en quelques propositions : le judaïsme est abrogé, le peuple juif est déchu, l’Église lui est substituée comme peuple de Dieu ; les juifs sont dépossédés des Écritures, qu’ils ne comprennent plus, puisque c’est l’Église qui détient maintenant la clef de leur interprétation, et elles se retournent même contre eux pour les condamner. Ces affirmations s’accompagnent souvent de jugements très durs sur les juifs, ou même de calomnie pure et simple. Saint Jean Chrysostome, pour prémunir les chrétiens contre l’attrait du judaïsme et de ses rites, va jusqu’à faire de la synagogue l’asile des démons et la citadelle du diable. Saint Jean Chrysostome est considéré comme le maître de l’invective anti-juive, mais il constitue dans le genre un sommet plutôt qu’une exception. De son côté, saint Augustin résume ainsi le sens de la pérennité du peuple juif après la prédication de l’Évangile : « Ils sont témoins de leur iniquité et de notre vérité. » En subsistant dans une situation précaire, ils mettent en permanence sous les yeux du chrétien le spectacle du châtiment qui menace le pécheur.
Il est inutile de citer d’autres exemples et de s’étendre sur ce passé. On ne doit pas oublier qu’il s’est trouvé à toutes les époques des chrétiens qui ont tenu des positions beaucoup plus chaleureuses vis-à-vis des juifs, mais ils restent des exceptions. Jusqu’à une époque récente, la catéchèse et la prédication faisaient généralement d’Israël le peuple déicide, responsable de ses propres malheurs, qui n’étaient que le juste châtiment de son péché. On connaît le jugement de Bossuet sur le peuple juif, « Peuple monstrueux, qui n’a ni feu ni lieu, sans pays, et de tout pays ; autrefois le plus heureux du monde, maintenant la fable et la haine du monde ; misérable sans être plaint de qui que ce soit ; devenu, dans sa misère, par une certaine malédiction, la risée des plus modérés1. » Beaucoup plus près de nous encore, on pouvait lire dans une encyclopédie de théologie catholique en langue allemande publiée en 1930 qu’il existait deux formes de l’antisémitisme, la mauvaise et la bonne. « On peut distinguer deux tendances de l’antisémitisme [...] 

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