Dimanche 29 janvier 2017, Centre du Mouvement Juif Libéral de France (MJLF) – Paris
Dans un contexte international de plus en plus tendu et menaçant, des événements diplomatiques récents (résolutions de l’UNESCO et de l’ONU, derniers discours américains avant l’investiture de D. Trump, conférence internationale de Paris, contestation des nouvelles lois sur les constructions en Cisjordanie) ont replacé le conflit israélo-palestinien sous les feux de l’actualité, alors même qu’aucun fait militaire ou policier ne semble avoir pris une intensité particulière sur ces territoires, surtout si on les compare aux pays alentours, où se propagent depuis plusieurs années des violences d’une ampleur bien supérieure.
Le sionisme au cœur du Conseil National…L’Amitié Judéo-Chrétienne de France, qui a toujours manifesté son soutien au peuple juif, sans pour autant adopter un quelconque parti-pris politique, a souhaité mettre au cœur de son Conseil national (où se réunissent chaque année des représentants des AJC locales), la question du sionisme, qui semble cristalliser les reproches ou accusations envers Israël, au point de donner un prétexte commode à l’expression, plus ou moins consciente, plus ou moins masquée, d’un antisémitisme ancestral.
Le thème abordé (« Sionisme et antisionisme »), était donc bienvenu, en particulier pour les membres juifs de nos associations qui ont toujours salué (particulièrement dans ces pages) les messages de Jacqueline Cuche, Présidente de l’AJCF, pour ses appels réguliers à la vigilance, dans chaque communiqué officiel ou à chaque assemblée des groupes au niveau national. Il a permis aux représentants locaux d’exprimer leur souhait d’intensifier des messages clairs et appropriés sur la situation, tous souhaitant éviter les départs désapprobateurs des uns ou les renoncements résignés des autres, qui pourraient mettre à mal un dialogue si fructueux.
Cette attente a été pleinement satisfaite dès le discours inaugural de Jacqueline Cuche, auquel ont souscrit tous les participants qui y ont trouvé les axes et les termes dont ils avaient besoin pour structurer les fondamentaux du dialogue judéo-chrétien sur Israël, en distinguant ce qui relève de la question de la Terre, de celles sur l’État et de la politique du gouvernement actuel de ce pays à l’identité singulière, mais confronté à des problèmes souvent similaires à tous les autres.
Quatre idées majeures émergent de ce discours visant à définir une juste attitude :
- Expression d’une solidarité indéfectible, par une présence constante aux côtés des juifs quand ils se sentent seuls, sans porter aucun jugement politique inconditionnel ;
- Dénonciation déterminée de toutes les atteintes à la vérité et la justice, en dévoilant aux yeux de nos institutions les présentations souvent tronquées, unilatérales et orientées qui sont faites sur la situation sur place ou ailleurs, au point de provoquer un acharnement diplomatique disproportionné, particulièrement dans les institutions internationales, aux résolutions difficiles à comprendre par leur grand nombre et leur orientation systématique ;
- Rompre la chaine du silence et des usages abusifs sur les faits relatés, surtout lorsqu’ils amènent à des excès d’interprétation et raccourcis historiques et idéologiques, parvenant à faire oublier qu’Israël est la seule démocratie sachant garantir l’accès de tous à l’état de droit, dans cette région du monde dominée par les dictatures ou le chaos, au vrai détriment des peuples ;
- Promouvoir les bonnes nouvelles, en témoignant des nombreuses initiatives et réalisations pour la paix civile, que des hommes et femmes de bonne volonté, de diverses nationalités, religions et cultures, sont capables de réaliser sur le terrain, dans un désintérêt total des médias.
…sans oublier le peuple palestinienBien entendu, il ne s’agit pas de dénier la réalité des souffrances des peuples, en particulier le peuple palestinien, qui, en leur propre sein ou du fait d’une situation sociale et politique déséquilibrée, attendent une amélioration de leur situation. Mais il est important que le combat contre l’ignorance, fléau principal s’abattant sur toutes les civilisations, s’appuie sur la capacité à trouver les vraies racines du mal, pour espérer la résolution d’un conflit si complexe. C’est justement ce que le dialogue dans l’amitié nous amène à faire, et particulièrement celui avec le peuple juif, qui s’est construit et préservé par sa capacité à transmettre non seulement un savoir, mais aussi le goût de l’analyse et de la discussion.
Le programme de la journée a ainsi permis aux groupes locaux de témoigner des difficultés concrètes qu’ils rencontrent pour établir le dialogue sur ce thème, au risque de ruptures qui pourraient être dommageables à leur existence même, tandis que d’autres ont pu montrer que certaines initiatives, en prenant le sujet bien en face, ont pu ouvrir des perspectives.
La conférence de l’historien Gil Mihaely sur l’histoire du sionisme a été l’occasion de comprendre comment un mouvement qui, à son époque contemporaine, se voulait à l’origine totalement laïque pour construire un mythe national et mener une action politique et militaire comme toutes les nations, s’est peu à peu transformé en revendication inspirée par un retour à la dimension religieuse sur la question de la Terre.
L’intervention du Père Michel Remaud, revenu en France après plus de trente cinq ans à Jérusalem, a permis de découvrir, par des petits faits vrais ou des impressions, non seulement la réalité de terrain, bien éloignée de ce que l’on peut s’en faire par médias interposés, mais aussi les raisons d’espérer en ce qui est plus qu’une coexistence entre les populations.
Notre groupe local a d’ailleurs pu apprécier la cohérence de cette approche quelques jours plus tard, grâce à une conférence de Florence Taubmann (pasteur et ex présidente l’AJCF) et son mari Michel (journaliste représentant permanent de la chaine TV i24 à Jérusalem) ayant pour thème « Israël-Palestine – Quelles raisons d’espérer ? ».
Cette réunion, riche en témoignages concrets et informations vraies, a certainement transformé le regard des nombreux adhérents et sympathisants, comme ce Conseil national qui marquera une étape dans l’histoire de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France, qui fêtera ses soixante-dix ans en 2018. PCM♦
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