La vocation irrévocable de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France (ajcf.fr)
oOo
Lorsque
nous avons voulu inaugurer notre saison 5784 le dimanche 8 octobre, nous
souhaitions vous réunir dans un moment de joie pour célébrer la fin du mois de
Tichri, peu après Souccot et au lendemain de Sim’hat Torah.
Mais c’est la souffrance et la mort de populations massacrées la veille en Israël que nous avons dû déplorer, sans alors avoir pris totalement la mesure de l’ampleur et de la profondeur de ce plus grand crime antisémite depuis la Shoah, marquant nos consciences au fur et à mesure des témoignages et découvertes macabres, qui continuent à être exhumées avec la révélation progressive du sort funeste des otages séquestrés par le Hamas et ses sicaires affidés.
Toute
cette tragédie d’une guerre trop longue, accompagnée d’une violence antisémite sans
pareille depuis 80 ans, a traversé cette saison 2023-2024 de notre association,
nous mettant en tension permanente sur une actualité inquiétante pour les juifs
en Israël, ici près de chez nous et partout dans le monde. Nos pensées les
accompagnent chaque jour, même si nous avons conscience de ne pas assez nous
manifester quand la peur nous saisit, quand la tristesse de savoir un proche en
souffrance ou en péril ici ou là-bas nous étreint, ou lorsque les
manifestations de haine montent en puissance et en violence jusqu’à
aujourd’hui.
Après le viol d’une enfant de 12 ans parce que juive (ajcf.fr)
Dans
ce climat qui nous menace tous en vérité, je voudrais tout de même mettre en
valeur quelques signaux qui doivent nous réconforter : les sondages
réalisés récemment par le Crif montrent qu’une majorité de Français a compris
le sens pour le peuple juif du combat existentiel contre le Hamas et est
solidaire de sa destinée ; ne négligeons pas non plus les votes de 15 pays
en faveur de la chanteuse israélienne au concours de l’Eurovision, face à une
chasse en meute organisée contre elle et ce qu’elle incarne à Malmö.
Même
s’il se montre versatile (et plus encore avec ce boycott d’Israël au salon de
Satory, aggravé par un jugement explicitement antijuif mais annulé hier par
un tribunal respectant le droit contre l’arbitraire), l’Etat français reste un
rempart essentiel pour combattre l’antisémitisme criminel en France. Puissent
cependant les élections ne pas mettre en position de force les haines
antisémites qui se manifestent de plus en plus vivement au cœur de nos
institutions.
Pour
nous conforter, nous devons nous souvenir des écrits de notre maître fondateur
Jules Isaac contre l’enseignement du mépris qui continue de sourdre dans les
propos antisémites qui se propagent sans complexe. Il écrivait déjà en 1956
dans Genèse de l’antisémitisme :
«
Je ne me lasserai pas pour ma part de dire et redire où mène un tel
enseignement, lancé à toute volée, à travers le troupeau de fidèles ignorants
et crédules : non seulement à ces ‘’injustes violences’’ qu’on veut bien
réprouver – du bout des lèvres –, mais aux plus odieuses séquelles, aux crimes
d’homicide, de génocide, aux assassinats massifs, aux monstrueux « pogroms ».
Il est trop simple de croire ou laisser croire que les pires violences de
parole sont inoffensives ; comme si elles ne risquaient pas d’engendrer les
pires violences de fait. De la bouche qui outrage ou du bras qui frappe, qui
est le plus coupable ? »
L’Amitié Judéo-Chrétienne peut se conforter dans l’idée que même
ténue, sa voix peut porter ou au moins contribuer à consolider les digues et
les barrages qu’il faut entretenir en permanence contre l’antisémitisme. Sa
parole et ses actions ne sont pas vaines, comme l’ont montré la réception des
déclarations de l’AJCF par la voix de son président Jean-Dominique Durand, dont
le mandat vient d’être renouvelé pour trois ans à son Assemblée Générale le 2
juin dernier, ou l’organisation de la 3ème journée nationale contre
l’antisémitisme au Mémorial de la Shoah.
Nous
devons donc poursuivre nos activités comme à l’ordinaire, maintenir nos actions
d’amitié et de soutien et ne pas hésiter à nous manifester pour exiger la
sécurité dans la liberté pour tous les citoyens, afin de ne pas laisser le
champ libre à ceux qui terrorisent les populations.
Extrait du Rapport moral - Assemblée Générale 2023 - 19 juin 2024
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire