samedi 22 juin 2024

Notre mission ici et maintenant

 


La vocation irrévocable de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France (ajcf.fr)

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Lorsque nous avons voulu inaugurer notre saison 5784 le dimanche 8 octobre, nous souhaitions vous réunir dans un moment de joie pour célébrer la fin du mois de Tichri, peu après Souccot et au lendemain de Sim’hat Torah.

Mais c’est la souffrance et la mort de populations massacrées la veille en Israël que nous avons dû déplorer, sans alors avoir pris totalement la mesure de l’ampleur et de la profondeur de ce plus grand crime antisémite depuis la Shoah, marquant nos consciences au fur et à mesure des témoignages et découvertes macabres, qui continuent à être exhumées avec la révélation progressive du sort funeste des otages séquestrés par le Hamas et ses sicaires affidés.

Toute cette tragédie d’une guerre trop longue, accompagnée d’une violence antisémite sans pareille depuis 80 ans, a traversé cette saison 2023-2024 de notre association, nous mettant en tension permanente sur une actualité inquiétante pour les juifs en Israël, ici près de chez nous et partout dans le monde. Nos pensées les accompagnent chaque jour, même si nous avons conscience de ne pas assez nous manifester quand la peur nous saisit, quand la tristesse de savoir un proche en souffrance ou en péril ici ou là-bas nous étreint, ou lorsque les manifestations de haine montent en puissance et en violence jusqu’à aujourd’hui.

Après le viol d’une enfant de 12 ans parce que juive (ajcf.fr)

Dans ce climat qui nous menace tous en vérité, je voudrais tout de même mettre en valeur quelques signaux qui doivent nous réconforter : les sondages réalisés récemment par le Crif montrent qu’une majorité de Français a compris le sens pour le peuple juif du combat existentiel contre le Hamas et est solidaire de sa destinée ; ne négligeons pas non plus les votes de 15 pays en faveur de la chanteuse israélienne au concours de l’Eurovision, face à une chasse en meute organisée contre elle et ce qu’elle incarne à Malmö.

Même s’il se montre versatile (et plus encore avec ce boycott d’Israël au salon de Satory, aggravé par un jugement explicitement antijuif mais annulé hier par un tribunal respectant le droit contre l’arbitraire), l’Etat français reste un rempart essentiel pour combattre l’antisémitisme criminel en France. Puissent cependant les élections ne pas mettre en position de force les haines antisémites qui se manifestent de plus en plus vivement au cœur de nos institutions.

Pour nous conforter, nous devons nous souvenir des écrits de notre maître fondateur Jules Isaac contre l’enseignement du mépris qui continue de sourdre dans les propos antisémites qui se propagent sans complexe. Il écrivait déjà en 1956 dans Genèse de l’antisémitisme :

« Je ne me lasserai pas pour ma part de dire et redire où mène un tel enseignement, lancé à toute volée, à travers le troupeau de fidèles ignorants et crédules : non seulement à ces ‘’injustes violences’’ qu’on veut bien réprouver – du bout des lèvres –, mais aux plus odieuses séquelles, aux crimes d’homicide, de génocide, aux assassinats massifs, aux monstrueux « pogroms ». Il est trop simple de croire ou laisser croire que les pires violences de parole sont inoffensives ; comme si elles ne risquaient pas d’engendrer les pires violences de fait. De la bouche qui outrage ou du bras qui frappe, qui est le plus coupable ? »

L’Amitié Judéo-Chrétienne peut se conforter dans l’idée que même ténue, sa voix peut porter ou au moins contribuer à consolider les digues et les barrages qu’il faut entretenir en permanence contre l’antisémitisme. Sa parole et ses actions ne sont pas vaines, comme l’ont montré la réception des déclarations de l’AJCF par la voix de son président Jean-Dominique Durand, dont le mandat vient d’être renouvelé pour trois ans à son Assemblée Générale le 2 juin dernier, ou l’organisation de la 3ème journée nationale contre l’antisémitisme au Mémorial de la Shoah.

Nous devons donc poursuivre nos activités comme à l’ordinaire, maintenir nos actions d’amitié et de soutien et ne pas hésiter à nous manifester pour exiger la sécurité dans la liberté pour tous les citoyens, afin de ne pas laisser le champ libre à ceux qui terrorisent les populations.

Extrait du Rapport moral - Assemblée Générale 2023 - 19 juin 2024

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